Festival international du Malouf, Skikda, Juillet 2007
Le festival international du Malouf, qui s'est tenu à Skikda (ville côtière située dans l’est algérien) du 20 au 27 Juillet 2007, a vu défiler un certain nombre de formations musicales algériennes et étrangères. Je vous propose un résumé succinct et illustré en photos.
Orchestre régional de Constantine
sous la direction de Samir BOUKRIDIRA
Nouba Zidane au programme
à la fin de leur concert
Le chef d'orchestre, à gauche de la photo, nous a gratifié d'un excellent Istikhbar;il prépare actuellement son doctorat en musique.
Le programme concocté par l'ensemble tunisien était très léger et très appréciable, surtout la séquence Asba'ine (l'équivalent du Hidjaz oriental, Zidane algérien) où on pouvait reconnaitre certaines pièces semblables à celles du Malouf algérien comme "Ala ya moudir errah". Les musiciens ont été excellents et à la hauteur de la réputation de leur institut. Cette soirée purement malouf a été donc une grande réussite.
Les solistes tunisiens, très belle voix, grande présence
Les deux préparent leur magister en musique
FIN de la première soirée
El Anasser suivie du chanteur malouf connu Mohamed Rachid SIGNI.
Le programme de l'ensemble El Anasser était le suivant:
- Beshraf Kébir du patrimoine du Malouf tunisien, une pièce instrumentale d'une durée de 10 minutes (voir détails de cette pièce avec partition dans un précédant article publié sur ce blog). Il est à remarquer que les musiciens tunisiens présents à ce concert étaient ravis d'entendre cette pièce d'antologie executée par un ensemble algérien.
- Muwashshah 'adjem 'ashirane "men li sabbin" chanté admirablement par Madjda BENCHARIF. Cette célèbre pièce orientale est précédée par un court Sama'i du même mode servant de prélude, composé par Sayed DERWISH.
- Derdj Dil "Hasbouk Allahou 'anni"du patrimoine Malouf algérien avec comme prélude un extrait d'un sama'i 'adjem 'ashirane du répertoire ottoman. Ce dedj au rythme de valse, 3/4, donc très entrainant et léger, est chanté en choeur par l'ensemble.
- Inqilab Dil "Ya badi' el housn ahyaf", du répertoire constantinois, au rythme sofiane ou 'ayeb, selon les régions, 7/4, précedé d'un doulab oriental classique du même mode, chanté en choeur.
- Inciraf Dil "Malakni el hawa qahra", du répertoire classique algérois, chanté par Abderaouf BENCHARIF;
- Khlas Dil "Rimoun Rametni" du répertoire classique algérois, chanté en choeur.
- Khlas Moual "Ettaqi allah", du répertoire classique algérois, chanté également en choeur.
Les violonistes
Madjda (à gauche), Farah (au centre) et Racim (à droite)
Vérification de l'accordage des instruments avant le concert
Selma, (à gauche) au luth 'arbi, instrument typiquement magrébin;
Mohamed, chef d'orchestre, (au centre) au qanun,
Madjda (à droite) au volon alto
et Wissam (derrière Madjda) au violon alto.
Madjda, soliste vocale,
excelle dans les muwashshahats
voix exceptionnelle, comportement exemplaire
2ème année de fac.
Chérif MOULANA, 15 ans, au Baglama turc
Ne donne pas l'impression de de s'intéresser vraiment,
mais reste très efficace,
a décroché son BEM avec une bonne moyenne.
Maya KHELIA, 14 ans, au violon alto,
Maya est très fidèle à son maître.
A obtenu son BEM avec une bonne moyenne.
Abderaouf BENCHARIF,
très doué mais ne travaille pas assez en dehors des répétitions.
Il prépare son Bac, nous lui souhaitons la réussite.
Ilhem, belle et timide,
adore la musique et est très brillante dans ses études;
Elle a eu son BEM cette année
et s'est classée 1ère dans la ville de Miliana.
Racim, au violon,
Très doué et très fainéant en même temps,
mémoire musicale extraordinaire,
mon élève depuis 8 ans.
Selma, au luth magrébin,
forte personnalité et beaucoup de charme,
mon élève depuis 9 ans,
en 3ème année de fac,
Wissam, au violon alto,
très gentille et discrète,
est en 1ère année secondaire.
Yasmine, au piano, la plus jeune de l'ensemble,
joue à plusieurs instruments,
son sourire innocent la caractérise.
Farah, au violon alto,
charme, sensibilité et intelligence,
A obtenu son BEM avec une excellente moyenne.
Remise des distinctions d'honneur en fin de concert
FIN de le deuxième soirée.
La troisième soirée était consacrée aux syriens avec l'association Rachidia de Mascara en première partie.
Association RACHIDIA de Mascara
Classée 1ère au festival national du Malouf,
ce qui justifie sa participation au festival international,
Très jeune ensemble, grande cohérance dans le jeu.
Association RACHIDIA de Mascara
programme: Nouba Zidane Malouf avec quelques variations,
ensemble à encourager mais porte la lourde responsabilité du 1er prix.
L'ensemble ARONINA de Syrie,
programme classique et populaire d'Alep très riche,
composition de l'orchestre: 7 musiciens instrumentistes
(2 violons, une flute, un qanun, un luth, un violoncelle, un percussionniste)
et 4 choristes
Les choristes syriens
Grande technique vocale, grande inspiration ce soir là.
On a eu droit aux célèbres muwashshahs syriens.
Qadri DALAL au luth, chef d'orchestre,
Bashar Chérif (musicien de Madjda Roumi) excellent violoncelliste,
Mohamed cheghal au tambouri (tar)
Mon ami Ghessan AMMOURI, au qanun,
nous a gratifié d'excellents taqasim,
nous a fait l'honneur de nous céder son qanun à un prix symbolique,
l'heureux bénéficiaire fut Mohamed AZIZI de l'association EL BESTANDJIA
ARONINA à la fin de leur spectacle,
le public était comblée, le théâtre de Skikda était archi-comble.
Remise des distinctions par Halil KARADUMAN de Turquie.
FIN de la troisième soirée
En marge du festival, des conférences étaient programmées dont celles de Mohamed Qadri Dalal de Syrie et d'Eugénie ABELIAN d'Arménie, sur le photo.
Le docteur Mohamed Qadri DALAL
est le directeur le l'institut arabe de musique d'Alep,
vient de sortir un ouvrage en deux tomes sur la musique soufie,
il nous a fait l'honneur de nous offrir un exemplaire,
Brahim BELADJREB, qui fait des recherches dans le même domaine dans le chant religieux algérien, était ravi de recevoir lui aussi un exemplaire.
Le sujet de la conférence de Qadri DALAL était le chant soufi en Syrie,
Eugénie ABELIAN, musicologue, nous a parlé du chant religieux arménien.
La quatrième soirée fut celle qui a marqué les esprits du public et des musiciens présents. En première partie, l'ensemble Andaloucia de Constantine, composée de musiciens chevronnés à l'image de Djamel BENSEMMAR, deuxième violoniste après Hadj Mohamed Tahar FERGANI, et de Tahar BESTANDJI, luthiste qui a fait 170 concerts en France avec Enrico MACIAS, nous a gratifié d'une Nouba Mezmoume.
Ensemble Andaloucia de Constantine
très belle prestation, grande maitrise.
L'ensemble turc composé uniquement de 5 musiciens (takht):
1 joueur deTanbur (à gauche), 1 joueur de Ney, 1 joueur de qanun,
1 joueur de luth et 1 percussionniste.
Halil KARADUMAN, l'un des meilleurs joueurs de qanun au monde
(voir article lui ayant été consacré)
Necati CELIK, luthiste et professeur de luth de grande qualité
Le neyzen Arif improvisant un taqsim
Le tanburi Fatih
Remarquez la longuer du manche,
les fils à vide ont une longuer de 106 cm,
les frettes sont mobiles, leur disposition vous renseigne
sur le système musical turc
dont la gamme fondamentale est celle de Pythagore.
Le timbre du tanbur à frettes se rapproche de celui du Banjo.
L'histoire de la musique ottomane retient le nom
d'un grand joueur de tanbur et grand compositeur, Tanburi CEMIL BEY
que je propose de découvir en ouvrant la vidéo suivante
Le joueur de tanbur utilise lors du concert un autre instrument similaire
se jouant avec archet appelé par les turcs Yayli tanbur. L'histoire moderne retient un autre nom célèbre, Ercument BATANAY
que je vous propose de découvrir sur la vidéo suivante.
Apprécier et dites ce que vous pensez.
Le percussionniste utilise plusieurs outils au cours du concert
Tar pour les Sama'i, Daf ( instrument entre les mains) pour les beshraf
et derbouka pour les pièces rythmées.
Remise des distinctions par le commissaire du festival,
tout le monde est content.
Taqsim (improvisation à rythme libre) dans le mode Shedd 'araban
interprété magistralement par le maître du qanun
Halil KARADUMAN
Le commissaire du festival, le docteur Zerouala
(à gauche sur la photo)
applaudissant la prestation de l'ensemble turc et du
maître Halil KARADUMAN.
De l'avis de tous les musiciens présents tout le long du festival, l'ensemble turc a été le groupe le plus performant et qui a eu le plus grand succès.
Au fait, une fois la soirée terminée au théâtre régional, et après le dîner, nous avons invité Halil Karaduman à une prolongation de la soirée au sein du salon de l'hôtel de résidence. Il a accepté et nous avons pu apprécier encore une fois l'immensité de son talent.
En plus de ces sénaces (il y'en a eu que deux, c'est très peu), Halil nous a laissé sa méthode (livre d'exercices avec DVD) qui vient de paraitre en Turquie et qui permettra aux élèves d'adopter une véritable stratégie d'apprentissage. Il est évident que ceci reste insufisant puisque le contact avec le maître est capital dans un but de correction et d'orientation.
Séance de master class de qanun dirigée par Halil KARADUMAN
La cinquième soirée a vu la participation de l'ensemble de Skikda, en première partie et de Beihdja RAHAL en deuxième partie.
Ensemble de Skikda
Nouba Sika au programme
L'ensemble de Beihdja RAHAL
Envolée lyrique de Beihdja Rahal dans une Nouba Rasd
Le Docteur ZEROUALA a tenu à rendre hommage à la femme artiste
qui active le plus sur la scène de la musique andalouse
(enregistrement et mise sur le marché de 15 CD)
FIN de la cinquième soirée